La traduction audiovisuelle

 

 

La traduction audiovisuelle suscite un intérêt formidable depuis quelques décennies. C’est le cas, plus précisément, depuis que la technologie permet une mondialisation et un partage sans précédent de produits et contenus audiovisuels à travers le monde.

La traduction audiovisuelle est un secteur diversifié du domaine de la traduction. Elle comprend toute traduction où le texte verbal est accompagné d’éléments visuels et sonores. Cela inclue donc tous types de textes multimodaux ou produits audiovisuels comme des films, programmes télévisés, DVDs parmi tant d’autres. Le monde de l’audiovisuel est devenu, au fil des décennies, incontournable en tous points. L’évolution de l’audiovisuel aura été aussi vertigineuse que celle de la technologie et l’étude de la traduction audiovisuelle est devenue discipline académique à part entière depuis le dernier quart du XXème siècle.

Quoi qu’il en soit, cette technique, devenue primordiale pour le partage et la diffusion aujourd’hui, est présente derrière une quantité phénoménale de contenu allant du cinéma le plus traditionnel à la télévision, en passant par l’animation et les jeux vidéo. Pour ces différents médias, il existe différentes techniques de traduction.

 

Les différentes techniques de traduction audiovisuelle

 

Dans la traduction audiovisuelle, le traducteur doit faire face à des contraintes très particulières.

Dans ce domaine de traduction, comparé à la traduction dite traditionnelle (d’un texte écrit à un autre), il est nécessaire de traduire les mots écrits ou parlés en tenant compte des autres éléments qui accompagnent ces mots. Il nous faut tenir compte non seulement des éléments verbaux, mais aussi de leur interaction et relation avec, entre autres, le son et l’image.

 

Le sous-titrage

 

Il existe plusieurs formes de sous-titrage. La forme la plus traditionnelle est le sous-titrage interlinguistique : un texte écrit dans une langue différente que celle du produit audiovisuel originel. Celui-ci apparaît à l’écran en même temps que la parole originelle. Une autre forme également commune est le sous-titrage intralinguistique. Il s’agit d’une réécriture du produit originel dans la même langue que celui-ci.

Tout sous-titrage de qualité nécessite plusieurs étapes de travail. La première étape à suivre est la transcription des dialogues originaux. Cela correspond au passage de l’audio à l’écrit du texte source. Cette étape peut être faite automatique mais dans ce cas, une relecture professionnelle est nécessaire. Cette première étape permet de passer au repérage. À l’aide d’un logiciel de sous-titrage, on utilise la transcription du dialogue et le timecode afin de déterminer les points d’entrée et de sortie de chaque sous-titre. Les points d’entrée et de sortie représentent les moments où les sous-titres apparaissent puis disparaissent. Vient ensuite l’étape de la traduction au sein des sous-titres.

Les sous-titres peuvent également être ouverts, lorsqu’ils forment une partie inséparable du produit et ne peuvent pas être désactivés. En revanche, nous qualifions de fermés les sous-titres que l’on peut ajouter ou désactiver à son bon vouloir. C’est le cas, par exemple, pour les plateformes de vidéo à la demande. Il est aussi possible de préparer des sous-titres à l’avance ou de les produire durant la diffusion d’un programme. Dans ce dernier cas, on parle de sous-titrage en direct.

Les sous-titres, étant traités par l’œil, doivent être assimilés en même temps que les informations visuelles de l’œuvre. Le sous-titrage est donc imposé par les limites d’espace et de temps de lecture. Ces limites spatio-temporelles tendent à être légèrement différentes selon le service en charge du sous-titrage, mais tous se rapprochent d’une norme.

 

Une traduction « à contrainte » ?

 

Afin de garantir une lisibilité correcte des sous-titres, le nombre maximal de lignes de sous-titres est de deux. Chacune de ces lignes ne doit pas dépasser les 40 caractères (espaces et ponctuation inclus). La ligne supérieure doit être la plus longue des deux. Un sous-titre ne doit pas dépasser les 20 caractères par seconde.

De ce fait, la version écrite dans les sous-titres est presque toujours une forme réduite du texte source oral. Il est virtuellement impossible d’y avoir une transcription complète et détaillée. Les signes non verbaux du contenu audiovisuel peuvent permettre aux sous-titres d’être complets sans qu’ils le soient littéralement. Nous pouvons parler ici de « réduction textuelle », et il en existe deux sortes.

La réduction partielle présente une condensation et une expression plus succincte du texte source. La réduction totale, elle, présente une suppression ou omission d’éléments lexicaux. Dans les deux cas, nous avons affaire à des processus de reformulations qui mènent à une réécriture. Le maître-mot est de trouver le juste milieu entre effort du téléspectateur et pertinence à la compréhension du récit. C’est pourquoi, dans un monde parfait, les traducteurs sous-titreurs devraient voir les œuvres sur lesquelles ils travaillent en intégralité. Cela leur permettrait d’avoir une vue d’ensemble sur ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas.

Le sous-titrage est, pour cette raison, traitée comme une traduction « à contrainte ». Il est bon de rappeler que tous les types de traduction présentent un minimum de contrainte. Cependant, ces contraintes trouvables dans les autres types de traduction ne sont pas identifiables par le destinataire. L’objectif du traducteur, après tout, est d’être invisible. Dans le cas des sous-titres, le spectateur peut facilement observer les exigences de temps et d’espace. Une lecture imposée trop rapide ou trop de texte peut facilement gâcher l’immersion.

 

Le doublage

 

Le doublage est une forme de traduction qui consiste en l’enregistrement des voix des acteurs dans une langue cible tout en restant fidèle au langage corporel et expressions faciales des personnages dans l’œuvre originale.

Pour le traducteur audiovisuel, le maître-mot cette fois-ci est de réussir à recréer le script de l’œuvre, qui se veut oral, tout en se synchronisant sur le mouvement des lèvres des personnages. Ajoutez à cela le fait de devoir imiter le contenu original dans la langue cible le plus naturellement possible, et vous obtiendrez un second type de traduction à contrainte qui n’a rien à envier à son homologue textuel.

Une autre technique de traduction audiovisuelle, qui se rapproche du doublage, est fréquemment utilisée dans les documentaires, interviews et autres émissions dans lesquels un participant étranger s’exprime dans sa langue maternelle. En effet, le voice-over est une autre alternative qui permet d’enregistrer une voix sur la piste audio d’origine. Celle-ci vient quelque peu écraser les autres voix, que l’on entend toujours légèrement, et qui précèdent de quelques secondes le voice-over. Ce dernier permet au téléspectateur de ne pas avoir à se concentrer sur de la lecture de sous-titres. Le traducteur audiovisuel, lui, n’a pas besoin de se synchroniser aux mouvements des lèvres des acteurs et personnages.

 

Autres

 

Cette grande accessibilité au contenu audiovisuel de tous pays a également fait voir le jour à de multiples activités de traduction audiovisuelle non professionnelle. Les « fan-subs » sont réalisées par des personnes cherchant à faire connaître à leur public des œuvres audiovisuelles n’ayant pas encore été traduites dans leurs langues. Bien que louable à première vue, il s’agit néanmoins d’une copie illégale d’une œuvre donnée. Les « fan-dubs » représente le même phénomène, mais pour le domaine du doublage.

La traduction communautaire, aussi appelée traduction collaborative, est une pratique qui consiste à faire participer de nombreuses personnes intéressées par un quelconque projet en leur donnant un rôle de traducteur, en sous-traitance. Cette pratique est similaire à ce que l’on appelle le « crowdsourcing », ou production participative en français.

La traduction audiovisuelle peut également impliquer la traduction du théâtre et de l’opéra. Cherchant également à se démarquer et atteindre un public international, ces domaines emploient la technique du sur-titrage. Cette technique de traduction audiovisuelle permet de diffuser la traduction de ce qui est récité ou chanté durant la représentation. Contrairement aux sous-titres, les sur-titres apparaissent au-dessus de la scène et présentent des difficultés différentes. En effet, les représentations étant en direct, le rythme de diction peut varier d’un spectacle à l’autre. C’est au traducteur de s’adapter et de projeter ses sur-titres en conséquence.

La traduction automatique s’étend également vers les domaines dans lesquels la créativité (ou transcréation) joue un rôle essentiel. C’est le cas de la traduction audiovisuelle.

 

La dimension de l’accessibilité

 

La traduction audiovisuelle a également rendu accessible des films et autres programmes aux personnes malentendantes ou encore malvoyantes.

L’audiodescription est une méthode permettant aux personnes aveugles et malvoyantes d’accéder à un programme audiovisuel. Cette technique s’effectue en utilisant la narration (voix off) et la description du contenu visuel de l’œuvre. Cette voix off intervient entre les dialogues et autres éléments sonores importants afin de ne pas nuire à l’œuvre originale.

Le sous-titrage pour sourds et malentendants (SME), ou encore sous-titres intralinguistiques, est un type de sous-titrage qui présente, à l’écrit, toutes sortes d’informations auditives (effets sonores, musiques…) qu’un public malentendant ne peut percevoir en plus des dialogues reformulés. Reformulés en effet, car la réalisation de ces sous-titres exige une simplification plus importante que des sous-titres classiques.

 

La traduction automatique et la traduction audiovisuelle

 

La traduction audiovisuelle est une forme de traduction qui a su rester éloignée de la traduction automatique jusqu’à récemment. C’est notamment dû à la quantité phénoménale d’éléments visuels et de détails à maîtriser. L’utilisation de la traduction automatique commence à être visible, bien qu’embryonnaire pour le moment. Elle se limite, en très grande partie, aux projets de sous-titrage de documentaires scientifiques et techniques notamment. Toutefois, on estime que la technologie sera apte à répondre aux défis des autres techniques de traduction audiovisuelle à l’avenir.

Dans un futur relativement proche, la traduction automatique aura roulé sa bosse dans le domaine de la traduction audiovisuelle. C’est inévitable. Cependant, les différents médias qui composent cette dernière, comme le cinéma, le théâtre ou encore les jeux vidéo, ne perdront jamais le besoin de l’intervention humaine. Seuls les traducteurs professionnels pourront venir à bout des multiples contraintes visuelles et du besoin de transcréation nécessaires à la localisation de toute œuvre, que les machines ne sont pas près de maîtriser.